C’est qui, la classe moyenne?

La nouvelle star du débat public, c’est la classe moyenne. On ne parle que d’elle, on ne se bat que pour elle, on ne jure que par elle. Et pourtant, bien malin qui pourrait la définir. “La notion de classe moyenne comme l’UCM (l’Union des classes moyennes) l’entendait à l’origine remonte quasiment au XIXe siècle, ­jusque dans les années 50-60. On considérait qu’il y avait une classe de possédants, de riches. Et une classe de prolétaires, d’ouvriers… Entre ceux qui vivaient de leur capital et ceux qui vivaient de leur travail, il y avait une classe moyenne, qui regroupait les commerçants, les professions libérales…

” Des personnes ni riches ni pauvres, qui profitaient d’une grande stabilité ­professionnelle : médecins ou notaires de père en fils. “Ils n’avaient pas besoin de sécurité sociale et on les appelait assez logiquement “classe moyenne”. À la fin des années 20, quand l’UCM a été fondée, on a créé cette appellation pour eux et ils étaient peu nombreux.

Pas besoin d’être sociologue pour se rendre compte qu’aujourd’hui, la classe moyenne regroupe nettement plus de monde. S’y sont greffés des salariés et des fonctionnaires. La notion englobe davantage les personnes ayant des revenus moyens. Mais par rapport au nombre de fois qu’on entend parler d’elle, la classe moyenne souffre d’un cruel manque de définition. Aucune statistique, aucun critère défini ne ­permet d’identifier exactement qui en fait partie ou non. Le concept demeure donc flou, un “fourre-tout” pour Jean Faniel, directeur du CRISP (Centre de recherche et d’information socio-politiques), bien qu’il soit utilisé par tous les partis politiques.

Aucun n’essaie de le définir. Au contraire, l’intérêt pour les partis politiques, en particulier peut-être pour le MR et le PS, c’est justement que c’est un concept fourre-tout. Quand ils l’emploient, ils envoient un message à beaucoup de gens qui peuvent se retrouver dedans.” Car la perception qu’a la population de sa classe a changé. “Par rapport à il y a quelques décennies, beaucoup ne cherchent plus à se définir comme appartenant à la classe ouvrière. Et d’autres ne se définiront plus comme appartenant à la bourgeoisie. Par contre, l’expression “classe moyenne” est assez commode à utiliser. Pour les personnes aisées comme pour ceux qui refusent de se voir en bas de l’échelle.

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