Manifestations en Iran : malgré la répression sanglante, « un retour en arrière semble difficile »

La révolte ne faiblit pas en Iran depuis la mort de Mahsa Amini, décédée le 16 septembre trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs pour quelques mèches de cheveux dépassant de son voile. En guise de réponse, le régime multiplie les arrestations (un millier depuis le début des manifestations selon un bilan officiel) et les coupures d’internet.

Cette répression est sanglante. L’ONG Iran Human Rights, basée en Norvège, a estimé, mardi 25 octobre, que 141 personnes, dont des enfants, sont mortes depuis le déclenchement de la contestation.

Malgré cette violence, une cérémonie d’hommage marquant la fin du deuil traditionnel de 40 jours, écho à la durée du mouvement, a rassemblé mercredi des centaines de personnes à Saghez, dans la province iranienne du Kurdistan d’où était originaire Mahsa Amini. Le mot d’ordre reste le même depuis les premières manifestations : « Femme, vie, liberté ». Selon Hengaw, un groupe de défense des droits des Kurdes d’Iran basé en Norvège, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule.

Destabilisé, le régime des mollahs va-t-il accentuer la répression ? Comment le mouvement de contestation peut-il se poursuivre ? Franceinfo a interrogé Dorna Javan, doctorante en science politique à Science Po Lyon et spécialiste des mobilisations en Iran.

Dorna Javan : Il est évidemment impossible de prédire le futur, mais il est fort probable que le mouvement continue. Le régime fait face à une nouvelle génération d’activistes, qui se démarque de celles qui la précèdent ou des mouvements de contestation de 2009. Les Iraniennes et les Iraniens s’élèvent à la fois contre un régime autoritaire et contre un système patriarcal. On le voit avec le nombre de femmes qui enlèvent leurs voiles dans l’espace public et qui se rendent compte qu’elles sont capables d’opérer un vrai changement. Un retour en arrière semble difficile.

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