Lors du premier tour des élections présidentielles brésiliennes, 92 % des Brésiliens ont voté pour Lula ou pour Bolsonaro. Généralement, les deux principaux candidats à une élection rassemblent environ 70 % des voix. Le résultat de ce premier tour illustre donc la division fondamentale au sein de la population brésilienne, entre l’ancien président de gauche et le président sortant de droite. Pour la première fois dans l’histoire du pays, les élections opposent un ex-président et un chef d’État aux responsabilités. Concrètement, cela signifie que depuis le début de la campagne nous avons assisté à un affrontement entre deux mandats et deux personnalités. Bien qu’opposés, Lula et Bolsonaro sont les deux politiciens les plus populaires que le Brésil ait jamais connus au cours des cent dernières années. Ils entretiennent tous les deux des liens puissants avec une large partie de l’électorat brésilien.
Lors de sa présidence entre 2003 et 2010, Lula bénéficiait d’une grande popularité. Plus de 80 % des Brésiliens ont un avis favorable concernant son mandat, reconnaissant notamment le succès de ses réformes sociales visant à lutter contre la pauvreté, et sa politique de redressement rapide de la crise financière de 2008. Dilma Rousseff lui a ensuite succédé, avant d’être destituée en 2016, accusée d’avoir enfreint les lois budgétaires du Brésil, alors que le pays était aux prises avec la pire récession depuis plus d’un siècle.
L’opération « Lava Jato » (ou « scandale Petrobras », affaire de corruption politique de 2014, qui touche à la fois l’entreprise pétrolière contrôlée par l’État, Petrobras, et les géants brésiliens du BTP – bâtiment et travaux publics) a par ailleurs considérablement terni l’image de Lula et de son parti, visant les responsables du Partido dos Trabalhadores (PT – Parti Ouvrier du Brésil). L’ancien président a finalement été condamné et envoyé en prison en 2018, avec l’incapacité de se représenter comme président aux élections cette année-là.
Durant ces élections, Jair Bolsonaro, officier militaire à la retraite et homme politique, s’était opposé à l’implantation du PT et avait obtenu un soutien considérable de la population. Il s’est également engagé, ce qui le différencie des partis d’extrême droite en Europe, à ce que des militaires soient mobilisés pour redresser la situation du Brésil. Promesse tenue : après avoir remporté l’élection, avec un avantage considérable, on comptait davantage de gradés aux postes ministériels que pendant le régime militaire (plus de 50% de son cabinet).
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