Xi Jinping a donc gagné. Le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui vient de s’achever marque sa consécration. Comme il le souhaitait, le désormais secrétaire général à vie dispose des pleins pouvoirs. Les modérés qui pouvaient encore lui faire de l’ombre ont été écartés, comme le premier ministre, Li Keqiang, voire humiliés, comme l’ancien président Hu Jintao, littéralement poussé vers la sortie de l’auditorium en plein congrès.
Les six hommes qui entourent Xi Jinping au comité permanent du bureau politique sont des fidèles, et aucun n’est assez jeune pour faire office de dauphin. Sa pensée a même été élevée au rang de « marxisme de la Chine contemporaine et du XXIe siècle ». Xi Jinping a opéré une véritable révolution au sein du PCC, mettant à bas les deux garde-fous établis par ses prédécesseurs pour éviter tout retour d’un « nouveau Mao » : une direction relativement collégiale et l’imposition d’une limite d’âge aux dirigeants. Durant une quinzaine d’années, de la mort de Deng Xiaoping, en 1997, à l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en 2012, la Chine a été gouvernée par des technocrates avides de modernité. Des hommes sans grand charisme mais pragmatiques et ouverts aux débats contradictoires dans le parti.
L’arrivée de Xi Jinping a mis un terme à cette époque. Convaincu que la corruption généralisée et le manque de leadership menaçaient l’existence même du parti, Xi Jinping a pris le contre-pied de ses prédécesseurs et instauré un pouvoir absolu. Ce retour en arrière constitue un danger pour la Chine, mais aussi pour le reste du monde. D’autant plus qu’il s’accompagne d’un discours nationaliste, voire belliqueux, et de la promotion de diplomates agressifs vis-à-vis de l’Occident, comme le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, ou l’ambassadeur chinois aux Etats-Unis, Qin Gang.
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