Les petits-enfants de la révolution iranienne

Les deux dernières décennies iraniennes ont été riches en révoltes : du mouvement vert en 2009 aux contestations à la hausse du prix de l’essence en 2019 qui ont dégénéré dans des massacres à huit-clos, les Iraniens n’ont pas cessé de contester le régime des mollahs. Pourtant la vague de protestations qui secoue le pays depuis mi-septembre semble être sans précédent par sa pérennité et son ampleur. Après les grandes manifestations de 2019 qui ont été réprimées en trois jours, avec des milliers de victimes, c’est la première révolte des Iraniens contre le régime islamique qui dure plusieurs semaines, en se développant jour après jour.

C’est aussi la première fois depuis l’avènement de la République islamique que les manifestations anti-régimes sont portées par toutes les classes sociales. Du nord au sud du pays, les riches et les pauvres participent aux manifestations qui dépassent les frontières socio-professionnelles. Les étudiants et les lycéens, souvent accompagnés de leurs aînés, se sont solidarisés pour revendiquer leur droit à vivre librement, sans les contraintes que le régime leur impose au nom de l’islam.

C’est également la première fois que la lutte des femmes est soutenue par les hommes. Pendant de longues années, les Iraniennes se sont battues seules sur deux fronts : d’abord, contre les lois discriminatoires de la charia imposées par le régime des mollahs, ensuite contre un patriarcat qui se rendait complice de ces derniers. Rares étaient les hommes qui manifestaient de la sympathie pour la cause des femmes, celles qui revendiquaient leurs droits interdits par la loi islamique ou la charia. La loi islamique institutionnalise la violence contre les femmes en considérant que la vie d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme et que son témoignage ne peut être recueilli en justice[1].

Alors que pendant plus de quarante ans les hommes ont sous-estimé leurs souffrances, la mort de Mahsa Amini a réveillé les consciences. Nombre d’entre eux ont reconnu dans le sort tragique de la jeune femme celui de leurs sœurs ou de leurs filles. Depuis, à côté des femmes, partout en Iran, ils crient : Femme, Vie, Liberté ; ce slogan qui est devenu rapidement le drapeau national d’une lutte pour la liberté et la démocratie.

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