Démission de Liz Truss au Royaume-Uni : le Brexit, « éléphant dans la pièce »

Aucun premier ministre britannique depuis 1945 n’est resté si peu de temps au pouvoir que Liz Truss, démissionnaire, jeudi 20 octobre, après seulement quarante-quatre jours passés à Downing Street. Que le pays d’Europe au système démocratique le plus enraciné du continent soit à son tour atteint par l’instabilité n’est, en soi, pas une bonne nouvelle. Qu’une puissance désormais moyenne, mais qui compte dans le monde, soit prise dans un tourbillon de crise économique et politique, au moment où l’agression russe en Ukraine met à l’épreuve l’unité et la résilience de l’Europe, n’en est pas une non plus.

Vertigineuse, la chute de Liz Truss n’en était pas moins annoncée. La brutalité et l’absurdité de ses annonces économiques, faites de baisses d’impôts massives pour les riches non financées, ont été sanctionnées non seulement par les milieux financiers – où certains l’avaient mise en garde –, mais par l’opinion, atterrée par le dévissage immédiat du pays, là où elle promettait la croissance. Sa volte-face, marquée par le limogeage de son ministre des finances et l’abandon de son propre programme, avait achevé de ruiner le peu de crédibilité et d’autorité qui lui restait.

L’échec de Mme Truss peut être relié à son extravagant mode de désignation, l’été dernier, par 160 000 adhérents du Parti conservateur, très éloignés du centre de gravité politique du pays. Dans le système britannique, le poste de premier ministre est attribué au leader du parti majoritaire, en l’occurrence les tories, grands vainqueurs des législatives de 2019 sous la direction de Boris Johnson.

Non seulement Liz Truss n’avait pas le soutien des députés conservateurs, mais son prédécesseur, d’un cynisme absolu, n’a rien fait pour lui faciliter la tâche, au contraire. Contraint par les scandales à démissionner début juillet, M. Johnson avait laissé entendre qu’il allait revenir au pouvoir. Son nom circule, parmi d’autres, depuis jeudi pour prendre la succession.

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