Rien ne va plus. Depuis le début de l’année, l’indice MSCI des marchés boursiers mondiaux (23 pays développés, 24 pays émergents) est en recul de plus de 26%. Certains jours, les financiers reprennent espoir: l’inflation est toujours forte, mais un pic a peut-être été atteint et les banques centrales vont pouvoir ralentir la hausse de leurs taux directeurs. On l’a vu encore le 13 octobre, lorsque l’administration américaine a annoncé une hausse des prix de 8,2% sur les douze derniers mois.
Comme le souligne un économiste de marché, il y des signes positifs, mais «le seul point peut-être encore noir, c’est le marché du travail qui reste quand même solide». Il ajoute: «Aux États-Unis, il y a une inflexion, mais ce n’est pas suffisant pour rassurer complètement les membres du Federal Reserve Board. Il faut vraiment une hausse assez importante du taux de chômage pour qu’ils soient rassurés. Or, le marché de l’emploi risque de rester assez solide à court terme. On continue d’embaucher.»
Celui qui tient ces propos est bien conscient de ce qu’ils signifient et met des guillemets aux adjectifs «positifs» ou «négatifs» employés par les financiers pour qualifier les signaux envoyés par l’économie. Il n’empêche que beaucoup d’investisseurs partagent cette analyse et attendent avec impatience la remontée du taux de chômage. Ce n’est pas une nouveauté. Tous ceux qui ont fait quelques études d’économie ont entendu parler de la fameuse courbe de Phillips qui établit une relation entre le chômage et l’inflation: si le premier monte, la seconde baisse.
En fait, on n’est plus tout à fait sûr que cette relation, qui a été mise en évidence il y a plus de soixante ans, soit encore observable dans l’économie d’aujourd’hui. Le mois dernier, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, exprimait publiquement ses doutes: «Au vu des dernières données, il serait irresponsable de la part de la Fed de créer délibérément un chômage beaucoup plus élevé, en raison d’une foi aveugle dans la pertinence permanente de la courbe de Phillips.» Et il a appelé la banque centrale américaine à observer une pause dans le durcissement de sa politique.
Il n’a pas été écouté: la Fed a encore relevé son principal taux directeur de 0,75 point le 21 septembre. Le but des banques centrales actuellement est bien de ralentir l’activité économique.
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