La démocratie américaine au défi du pluralisme identitaire 

On a longtemps tenu pour acquis que les États-Unis sont une démocratie, une démocratie forte. En conséquence, les chercheurs ne se sont pas sentis obligés d’étudier la santé de la démocratie américaine. Mais comme l’a noté un chercheur, Rob Mickey, dans ses recherches sur la démocratie américaine, il est difficile de démontrer de manière convaincante que les États-Unis, malgré l’optimisme dont font preuve les chercheurs depuis longtemps, étaient une démocratie avant l’adoption de la loi sur le droit de vote de 1965, qui a accordé le droit de vote à des millions d’Afro-Américains.

Il est difficile d’affirmer qu’avant cette période, avant l’adoption de cette loi historique, les États-Unis étaient une démocratie, car ils n’accordaient pas le droit de vote à leurs citoyens. Dans son ouvrage, Mickey parle de ces enclaves autoritaires, en particulier dans le Sud américain, où les Noirs américains étaient violemment empêchés de profiter du droit de vote : les primaires étaient réservées aux Blancs et de même pour les autres votes dans tout le Sud américain.

Prenons donc Mickey au mot et posons que la démocratie américaine a réellement vu le jour en 1965. Qu’en est-il alors de la démocratie américaine à l’heure actuelle ? Bright Line Watch, ce groupe d’universitaires qui sonde la santé de la démocratie américaine en interrogeant des experts et des profanes, a remarqué que les politologues comme moi sont de plus en plus inquiets à ce sujet.

Ainsi, lorsque vous demandez aux experts comment se porte la démocratie américaine aujourd’hui, ils sont plutôt pessimistes. Freedom House, une organisation qui s’est occupée de l’état de la démocratie et qui défend la démocratie dans le monde, publie chaque année un rapport sur chaque pays, et, au cours du dernier cycle, a noté que l’état de la démocratie américaine a décliné d’environ 3 %, selon leur mesure.

Ainsi, ils notent que pour la première fois dans l’histoire américaine, nous n’avons pas eu un transfert pacifique du pouvoir d’un exécutif à l’autre, qui est une partie importante de la gouvernance démocratique. C’est un rappel, bien sûr, de l’insurrection du 6 janvier, après l’élection de Joe Biden, qui a battu Donald Trump.

Ils ont également noté que les élites politiques – non seulement Donald Trump, mais plus largement les élites républicaines – ont remis en question le résultat d’élections libres et équitables, en prétendant que Joe Biden a été porté au pouvoir de manière illégale. Donc, la remise en question d’élections légitimes.

La suite ici  : La démocratie américaine au défi du pluralisme identitaire – Entretien avec Hakeem Jefferson