Electricité, du paternalisme à la jungle

C’est une manière de démontrer qu’il y a bien une secrétaire d’Etat en charge de la protection des consommateurs. Ce week-end, Eva de Bleecker, a eu un petit coup de sang contre les fournisseurs d’énergie. Depuis un an, le nombre de plaintes contre des fournisseurs d’énergie explose : facture incompréhensible, modification de tarifs, rupture de contrat, vente abusive en porte à porte. En cas de réclamation, il faut parfois beaucoup de temps pour avoir une réponse, les call-center sont débordés.

Il est peu probable que la sortie dominicale de la secrétaire d’Etat ait beaucoup d’impact. Le marché de l’énergie en Belgique est une jungle pour le consommateur. Le constat n’est pas neuf, la facture est parfois plus difficile à comprendre qu’une feuille d’impôt, d’autant qu’elle est en partie aussi une feuille d’impôt, les taxes, redevances et le financement de la transition énergétique représentaient plus de 40% de la facture avant la crise.

Ce que la sortie de la secrétaire d’Etat cache c’est que l’Etat est complice de cette jungle qu’est devenu le marché de l’énergie.

En Belgique, le consommateur a été abandonné. La crise n’a fait que révéler une situation qui existait déjà : la libéralisation du marché de l’énergie chez nous est un marché de dupe. Du point de vue des particuliers surtout. Comparez la situation actuelle avec les années 80, ou la politique énergétique de la Belgique s’accommodait du monopole d’Electrabel. Même si Electrabel était une entreprise privée, elle bénéficiait d’une sorte de délégation de l’Etat pour être producteur et fournisseur d’électricité. Tout se passait comme si l’Électricité était un bien de première nécessité, pas un bien comme les autres, les factures étaient relativement simples à comprendre, un peu comme celle de l’eau aujourd’hui.

Mais ce monopole, comme d’autres en Europe, a été jugé paternaliste, et inefficace pour les consommateurs. Désormais, les clients doivent chasser la meilleure offre constamment, décortiquer les contrats et les factures, épier le marché pour faire le meilleur choix, faire pression sur leur fournisseur en le mettant en concurrence. Ceux qui ne se comportent pas comme des petits traders de l’énergie, sont condamnés à subir le marché. Du point de vue des usagers, on est passé du paternalisme à la jungle. Et l’Etat Belge s’en est assez bien accommodé.

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