Italie : les fleurs empoisonnées du Palazzo Madama

Il revenait au membre le plus âgé du sénat de présider la séance inaugurale de la Haute assemblée et de faire procéder à l’élection son nouveau président. C’est donc Liliane Segre, sénatrice à vie, rescapée de la Shoah, militante infatigable de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui allait devoir transmettre la charge de deuxième représentant de l’état au représentant des Fratelli d’Italia, Ignazio La Russa. Aucun contraste politique ne pouvait être aussi fort.

Liliana Segre qui était il y a peu encore sous protection policière en raison des menaces proférées à son encontre par des groupes fascistes a été de tout temps la cible de l’extrême droite. En novembre 2019, le parlement italien avait adopté la création d’une commission parlementaire chargée de lutter contre les manifestations d’intolérance, de racisme, d’antisémitisme et d’incitation à la haine et à la violence, communément appelée commission Segre. La droite (Forza Italia) et l’extrême-droite (Lega et FdI) s’étaient abstenus lors du vote. Hier donc, ces derniers ont dû faire bonne figure en écoutant le discours — de haute tenue — prononcé par Liliana Segre et ravaler plus ou moins discrètement leurs penchants idéologiques. Ils ne pouvaient tout à fait s’abstenir de se joindre aux nombreux applaudissements qui ont salué l’intervention de la présidente d’un jour mais leur retenue et leur langage non verbal en disaient long sur la nature obligée de l’exercice.

La sénatrice a décrit le « vertige » que lui provoquaient les circonstances : présider l’assemblée un siècle après la marche sur Rome qui concrétisa la prise de pouvoir de Mussolini.

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