Tous les démocrates rêvent aujourd’hui d’un changement de régime à Téhéran. Certains s’imaginent que cela pourrait se produire dans la foulée de la contestation qui s’étend actuellement en Iran, de ville en ville. Une contestation qui touche les universités comme les lycées. Et les meilleurs connaisseurs du pays expliquent qu’il y a quelque chose de différent aujourd’hui par rapport aux grandes manifestations de 2007-2008, de 2017 ou de 2019-2020.
La différence, c’est que l’exaspération des Iraniens n’est pas motivée essentiellement – même si ça joue – par des raisons économiques, par la misère qui gagne le pays. Ce qui est mis en cause aujourd’hui, c’est le système. Ce qui est en jeu, c’est la liberté.
Tout est parti de la mort de Jîna Amini (Mahsa Amini), une jeune Kurde iranienne, le 16 septembre. Morte à la suite d’un contrôle de la Police des mœurs qui estimait qu’elle portait mal son voile. C’est tombé sur elle. Cela aurait pu être une autre. Mais Mahsa était kurde, une minorité en Iran. Une minorité d’autant moins bien intégrée que la plupart des Kurdes iraniens sont sunnites dans un pays chiite. Et pourtant… Pourtant, les Iraniennes se sont soulevées. Le fait que Mahsa était kurde n’a pas freiné l’élan de solidarité et l’indignation des Iraniennes qui ont manifesté leur colère dès l’annonce de sa mort. Ce n’est pas anodin. Cela révèle le ras-le-bol, l’exaspération de la société iranienne – majorité et minorités ethniques confondues – par rapport au pouvoir à Téhéran. Et les manifestantes iraniennes se sont aussi emparées du slogan « Jin, Jian, Azadi », « Femmes, Vie, Liberté », célèbre slogan scandé à l’origine par les femmes kurdes en Turquie et au Rojava, le Kurdistan syrien. Non, répétons-le, ce n’est pas anodin.
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