Un troisième mandat pour Xi Jinping, tout puissant mais fragilisé

Écartons d’abord l’idée d’un moindre suspense à propos du déroulement du 20ème Congrès du Parti communiste chinois. Lorsque la date est annoncée, c’est que tout est déjà décidé.

Il n’y a donc aucun doute sur le fait que Xi Jinping, numéro un depuis déjà dix ans, sera reconduit pour un troisième mandat de cinq ans, une première 46 ans après la mort de Mao Zedong. Xi Jinping a cassé la règle des deux mandats, imposée par Deng Xiaoping, le grand dirigeant de l’après-Mao, qui avait voulu empêcher le retour des hommes providentiels capables, aussi, des plus grandes catastrophes. Xi peut rester au pouvoir aussi longtemps qu’il le voudra.

Le Congrès sera donc d’abord l’occasion de faire connaître aux Chinois, et au monde, les orientations du Parti, et les changements de personnalités au sommet. Et donc de guetter, comme au bon vieux temps de la Kremlinologie soviétique, la moindre inflexion idéologique, les possibles luttes de clans.

Il n’y aura pas de surprise au sens où on l’entend dans un Congrès politique classique ; mais le rapport de Xi Jinping sera décortiqué car il intervient à un moment délicat.

Il y a un paradoxe Xi Jinping : il concentre tous les pouvoirs, au point d’être le dirigeant le plus puissant depuis Mao – il a plus de pouvoirs que n’en a jamais eu Deng Xiaoping, figure majeure du XX° siècle chinois, faisait valoir hier à Paris l’ancien Premier ministre australien Kevin Rudd, fin connaisseur de la Chine.

Et pourtant, Xi Jinping est confronté à des défis majeurs qui le fragilisent, dont plusieurs sont de son propre fait.