Prix de l’énergie: il est temps de s’attaquer aux spéculateurs

Le 30 septembre dernier, les ministres européens de l’Energie ont validé les mesures d’urgence proposées par la Commission européenne pour soulager les ménages et entreprises étranglés par les factures. Sur le front de la sobriété, ils se sont accordés sur un objectif contraignant de réduction de la demande d’électricité d’au moins 5 % pendant les heures de pointe. Sur celui de la solidarité, les ministres ont approuvé les deux mécanismes élaborés pour capter les surprofits des entreprises énergétiques. Ils devraient en outre s’entendre dans les jours qui viennent sur un plafonnement des prix du gaz en Europe.

Bien que ce train de mesures soit impressionnant, il manque pourtant un wagon essentiel : aucune proposition ne vise à brider la spéculation financière dans le secteur de l’énergie.

Le cas du gaz – devenu un actif financier comme les autres – est particulièrement édifiant. C’est le marché néerlandais « TTF » qui aujourd’hui en fixe le prix pour toute l’Europe. Créée en 2003, cette plate-forme virtuelle s’est développée avec la libéralisation du secteur de l’énergie, au point de s’imposer aujourd’hui comme le plus grand hub gazier du continent. L’essentiel des volumes échangés sur le marché TTF prend la forme de contrats dits « à terme ». Prévus à l’origine pour protéger les intervenants contre les évolutions défavorables des cours, ces produits financiers sont désormais largement utilisés pour générer un profit immédiat. De simples produits d’assurance, les contrats à terme se sont donc progressivement mués en titres purement spéculatifs.

Les rapports actuels ne comptabilisent pas les positions ouvertes et fermées par les traders dans la même journée. Il est donc impossible de mesurer l’ampleur réelle des transactions spéculatives sur le marché TTF. En dépit de ce manque de transparence, la Commission européenne a révélé récemment que le volume annuel des échanges sur le marché TTF serait dix fois supérieur à la consommation totale de gaz de l’UE. Cela donne une idée de l’étendue de la financiarisation de ce marché, et donc du rôle qu’y jouent les mouvements spéculatifs : une large part des transactions qui y opèrent n’a rien à voir avec les besoins de l’économie réelle, c’est-à-dire avec l’objectif initial de réduction des risques pour lequel les contrats à terme ont été inventés.

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