Le Proche-Orient face au soulèvement en Iran

Soulèvement ou révolution ? Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra de la vague qui a saisi l’Iran depuis la mort en prison, le 16 septembre, de Mahsa Amini, jeune femme arrêtée pour avoir porté son voile d’une manière jugée inappropriée. Une seule certitude s’impose aujourd’hui. Malgré une répression particulièrement brutale qui se mesure déjà en dizaines de morts, malgré la dénonciation pavlovienne par le Guide de la révolution, Ali Khamenei, d’un complot forcément occidental, forcément ourdi par les Etats-Unis, la colère ne retombe pas.

La découverte, le 30 septembre, du corps suppliciée d’une autre jeune Iranienne partie manifester, Nika Shakarami, a encore alimenté une indignation qui s’étend à tout le pays. Elle rassemble spontanément les femmes et les hommes dans ce qui est devenu une contestation frontale du carcan social imposé par le régime iranien, sur fond de crise économique attisée par les sanctions internationales, devenue endémique et perçue comme la preuve de l’incompétence de celui-ci. Un mouvement sans tête, sans programme, aussi incertain qu’insaisissable.

Il survient alors qu’il ne reste plus grand-chose de l’un des ressorts historiques de légitimité du régime, le velayat-e faqih, le « gouvernement du docte », soit la primauté du religieux sur le politique. Ce dernier s’est perdu depuis longtemps dans une militarisation opérée par le corps des gardiens de la révolution. La démocrature iranienne a montré ses faiblesses lors de l’élection de 2021, qui a vu la victoire de l’actuel président, Ebrahim Raïssi, sérieusement écornée par une abstention record, signe que le régime ne parle qu’à lui-même. S’ajoute enfin l’épreuve à venir de la succession d’Ali Khamenei, en place depuis plus de trente ans.

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