L’anthropologue, l’un des plus éminents penseur de notre temps, référence de l’écologie politique, est décédé dans la nuit du 8 au 9 octobre, à 75 ans. Avec “Face à Gaïa” ou “Où-suis-je ?”, il fut un véritable parrain pour une nouvelle génération dont l’écologie est au centre de toute notre modernité.. Les Punaises de l’info rediffuse un article sur ce que Bruno Latour appelle le « nouveau régime climatique » qui dit-il fait émerger une nouvelle lutte des classes
Nul n’est prophète en son pays », dit la maxime, et à 74 ans, le penseur en sait quelque chose. Celui que le New York Times désigne comme « le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français » jouit effectivement d’une reconnaissance plutôt tardive dans sa contrée natale. Sa pensée continue d’ailleurs de susciter de vifs débats à l’intérieur même de la grande famille de la gauche.
Basta! : Dans Mémo sur la nouvelle classe écologique, vous écrivez notamment : « L’écologie doit accepter de donner un sens nouveau au terme de classe. » En quoi la question écologique redéfinit-elle la notion de lutte des classes ?
Jusqu’à présent, les « classes » ont toujours été organisées et définies selon les rapports de production. Depuis le milieu du 19e siècle, tous les débats politiques s’articulent autour de deux questions fondamentales : comment développer les forces productives ? Comment partager et répartir les fruits issus de cette production ? Les libéraux, les sociaux-démocrates et les communistes se sont tous inscrits et affrontés dans ce même cadre de discussion. On s’aperçoit désormais que tout cela dépendait du charbon et du pétrole, et que ce « pacte » politique était donc fondé sur une circulation matérielle qui n’est plus viable. Tout le monde s’arrache désormais les cheveux face à cette nouvelle réalité – c’est ce que j’appelle le « nouveau régime climatique ». Cette situation appelle à formuler de nouvelles catégories politiques, un chantier actuellement en cours.