Les résultats du premier tour des élections générales brésiliennes qui s’est tenu ce 2 octobre 2022 ont une nouvelle fois mis en défaut les instituts de sondage, tout du moins pour la partie de leur travail relative à l’étude du vote bolsonariste, de ses ressorts et de son ancrage durable. Et révèlent en réalité, in fine, un paysage politique plus conforme aux dynamiques de polarisation, de fragmentation et de radicalisation des espaces politiques qui traversent la société brésilienne depuis ces dernières années.
Ces dynamiques s’amplifient même et exposent aux yeux du monde un Brésil fracturé au sein duquel cohabitent deux pays, deux Brésil chaque jour plus antagoniques qui ne se parlent plus. Dans ce contexte, existe-t-il un vote caché – notamment au sein de l’électorat de droite et du centre droit, dans les classes moyennes et une partie des secteurs populaires – au profit de Jair Bolsonaro que n’arrivent pas à identifier et saisir les sondeurs à l’instar de ce qui peut se passer dans d’autres pays (États-Unis, Europe) ? Et dont l’un des ressorts serait, dans ces secteurs de la société, la haine tenace entretenue contre le Parti des travailleurs (PT), la gauche, Lula, assimilés par eux à la corruption de la vie politique et des partis après les années du scandale « Lava Jato », malgré le blanchiment de l’ancien président brésilien ?
C’est une hypothèse à vérifier. Certains analystes avancent également comme explication le fait que le dernier recensement du pays datant de 2010, les sondeurs ne disposeraient plus de la bonne « photographie » de la population brésilienne, notamment s’agissant du nombre de personnes se déclarant évangéliques qui constituent une colonne vertébrale du vote bolsonariste.
La suite ici : Brésil : et maintenant ?