Viktor Orbán, professeur de dictature

L’annonce de la Commission européenne de son intention de suspendre 7,5 milliards d’euros de fonds destinés à la Hongrie, en réponse à des violations de l’Etat de droit (liées à des irrégularités dans les procédures de passation de marchés publics), pourrait faire réfléchir les observateurs internationaux. Comment Viktor Orbán a-t-il réussi à remporter une victoire écrasante en avril dernier malgré des preuves aussi accablantes d’une mauvaise gouvernance, ses liens étroits avec Vladimir Poutine et l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a perturbé la campagne électorale ?

Le parti hongrois au pouvoir, le Fidesz, a remporté 3 millions de voixsur plus de 5,6 millions de suffrages exprimés (52 %), ce qui lui confère sa quatrième majorité, avec 68 % (135) des sièges au parlement. Alors que les sondages prédisaient, en début de campagne, une course serrée, le front uni d’opposition n’a remporté que 57 des 199 sièges, presque exclusivement dans la capitale Budapest, tandis que le parti d’extrême droite Mi Hazánk est entré au Parlement avec six sièges.

Orbán a remporté cette victoire écrasante en peuplant les institutions de personnes le soutenant et en manipulant l’information afin de dominer le débat public. Sa campagne électorale s’est appuyée sur quatre affirmations clés, qui devraient servir de signaux d’alarme pour les autres Etats membres européens où les populistes ont le vent en poupe, comme en Italie, où l’alliée d’Orbán, Giorgia Meloni, est sortie victorieuse de la dernière campagne électorale.

(…) Ces quatre lignes d’attaque, toutes mensongères, ont permis à Orbán de remporter l’élection. C’est en vain que l’opposition a tenté de les réfuter. Avant les élections d’avril, 86 % des électeurs hongrois avaient entendu dire que « le principal candidat de l’opposition enverrait des troupes en Ukraine », 79 % avaient entendu dire que l’opposition de gauche supprimerait la prime de treizième mois pour les retraités, et 67 % que la gauche soutenait les opérations de changement de sexe, selon une étude de la Fondation Dimenzió Media. 60 % de ceux qui ont entendu parler des « plans » de l’opposition pour enrôler les Hongrois et les envoyer faire la guerre ont pris ces assertions pour argent comptant.

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