Depuis le discours glacial prononcé à Munich en 2007, Vladimir Poutine a ponctué sa stratégie de rupture de diatribes spectaculaires, d’autant plus virulentes qu’elles renvoyaient à un univers progressivement détaché des réalités. Un nouveau palier a été franchi le 30 septembre, à Moscou, à l’occasion de la cérémonie consacrant l’annexion unilatérale de territoires ukrainiens conquis par la force. Sa rhétorique a en effet irrémédiablement rompu les amarres avec le langage des responsabilités.
Est-ce l’effet des revers militaires qui s’accumulent sur le terrain, ou celui de la piètre image d’une mobilisation partielle décrétée dans la difficulté, et que beaucoup de ses concitoyens s’efforcent de fuir ? Toujours est-il que le maître du Kremlin a donné l’image d’un homme macérant dans la vindicte et la haine, dans un enfermement qui aurait franchi le point de non-retour.
La Russie ne pouvant manifestement pas être mise en échec par une nation dont il nie l’existence, Vladimir Poutine a changé de récit. Il a été bien moins question de cette Ukraine qu’il fallait promptement « dénazifier », et qui est désormais sommée de se soumettre à une négociation où il n’y aurait rien à discuter, et surtout pas des conquêtes russes.
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