Cette élection est assez atypique. Elle a pour enjeu la pérennité de la jeune démocratie brésilienne – les Brésiliens vivaient sous dictature militaire il y a encore quarante ans – alors que les institutions censées la préserver sont très affaiblies. L’érosion démocratique a commencé en 2016 avec la destitution, sans motif valable, de la présidente Dilma Rousseff (PT). Elle s’est poursuivie avec Sérgio Moro, magistrat opportuniste et proche de Bolsonaro, qui à l’aide d’accusations en grande partie fausses, a écarté Lula d’une candidature à la présidentielle en 2018. Ce qui a contribué à rendre possible la victoire de Bolsonaro. Depuis, celui-ci, à l’image d’un Trump, ne cesse de remettre en cause et de saper les institutions garantes de la démocratie.
La campagne électorale a officiellement commencé le 16 août dernier : 40 jours de meetings et de débats jusqu’au 2 octobre, avec un quintuple scrutin. Les 156 millions d’inscrits voteront à la fois pour leur prochain président, leurs députés fédéraux, un tiers des sénateurs, ainsi que les gouverneurs et les assemblées des 27 États (le Brésil est un pays fédéral, comme l’Allemagne ou les États-Unis).
L’écart entre les deux principaux candidats est, pour l’instant, en train de se réduire. Cela montre la force politique de Bolsonaro et du « bolsonarisme » en dépit de ses mauvais résultats : une gestion déplorable de la pandémie de Covid avec officiellement plus de 650 000 morts, ses déclarations anti-vaccin et l’explosion de la pauvreté et de la faim. Il y a à peine un an, nombre d’analystes de la vie politique brésilienne expliquaient que Bolsonaro n’allait pas pouvoir se représenter. Son rejet dans l’opinion reste important, mais malgré ses multiples déclarations choquantes et provocations, il se maintient en deuxième position, loin devant le candidat de centre-droite, Ciro Gomes (entre 5 % et 10 % des intentions de vote).
Le 7 septembre, jour du bicentenaire de l’indépendance du pays (ancienne colonie portugaise) a marqué un tournant de la campagne présidentielle. Bolsonaro s’y est comporté en candidat et non en chef d’État, allant même jusqu’à évoquer très vulgairement la virilité de ses ébats sexuels lors du discours officiel.
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