Nos poches ne sont pas infinies », justifiait le premier ministre De Croo face aux résultats minimes du dernier Codeco sur la crise énergétique. Avec plus de justesse, il aurait pu expliquer : « Nos poches sont déjà les plus trouées du monde occidental ». Si nos gouvernants préfèrent conserver une poétique pudeur à cet égard, le Fonds Monétaire International, heureusement, fait le travail à leur place depuis des années.
Dans son dernier « Financial Monitor » du printemps 2022, sa description du déficit structurel (c’est-à-dire non justifié par la conjoncture) de la Belgique met en évidence une dégradation constante depuis 2017. Il a connu une véritable explosion en 2020 (-7,4 %) et est devenu le pire de l’Eurozone. Surtout, à trajectoire inchangée, les projections l’annoncent systématiquement comme le plus mauvais jusqu’en 2027 (-5,4 % encore pour une moyenne Eurozone de -1,7%).
Dans cette débâcle, il faut distinguer trois stades. D’abord, contrairement au conseil des institutions européennes, depuis 2014, le gouvernement Michel n’a pas mis à profit les années prospères pour assainir les finances publiques. Les discours virils de Bart De Wever sur l’équilibre budgétaire ont été sacrifiés pour multiplier les cadeaux fiscaux (à commencer par les diamantaires anversois). Son ministre des Finances, Van Overveldt, « l’homme qui valait moins trois milliards », a multiplié les trous. Ensuite, le gouvernement Wilmes a aggravé considérablement la situation dans le cadre de la pandémie du Covid-19. Tous les Etats ont beaucoup dépensé à ce moment certes, mais la Belgique l’a fait plus fort, et plus mal. Enfin, le gouvernement De Croo poursuit sur cette ligne.
La suite ici : Au fond des abysses budgétaires, la Belgique dérive maintenant vers la crise de régime (carte blanche)