Inventer de nouvelles manières de penser la prospérité

On peut de fait difficilement trouver dans l’histoire d’après-guerre une période aussi tendue que celle que nous traversons aujourd’hui. Le sol se dérobe de partout : épidémie, guerre, dérèglement climatique, inflation, crise politique enfin… L’alignement des risques, le « perfect storm » comme disent les marchés financiers, démultiplie la force destructrice de chacune de ces ruptures.

Le terme « fin de l’abondance » a marqué l’opinion. Il semble en phase avec le défi climatique et annonce à mots couverts la fin du « quoi qu’il en coûte » qui a protégé les Français du Covid. Pour le président lui-même, originellement élu sur l’idée d’une « start-up nation », il annonce un changement d’imaginaire par rapport à la promesse d’une nouvelle ère de prospérité numérique. Malgré la polysémie de l’expression, il n’est pas sûr toutefois que la crise puisse être appréhendée de cette manière.

La dernière décennie, tout d’abord, n’a pas été particulièrement faste, marquée au contraire par les conséquences dramatiques de la crise des subprimes sur les populations fragiles et la poussée des inégalités. Le paradoxe est plutôt que la crise du Covid, qui annonçait une nouvelle crise économique majeure, a de fait donné lieu, de manière totalement imprévue, à un sentiment éphémère d’euphorie. La reprise rapide l’an passé a offert aux salariés des pays avancés une période qui leur semblait enfin favorable. Tout à coup, ils ont pu imposer des exigences nouvelles à leurs employeurs, dans le droit au télétravail notamment, obtenant des temps de repos durant le week-end ou en soirée dans des professions qui l’ignoraient.

La suite ici : Inventer de nouvelles manières de penser la prospérité