Bolsonaro va-t-il organiser un coup d’État?

Le Brésil a récemment célébré le 200e anniversaire de son indépendance (7 septembre). L’histoire de ce bicentenaire est marquée par une oscillation constante entre démocraties et dictatures. Et le pays a désormais découvert, au cours des quatre dernières années, que la dictature n’était pas le seul moyen d’anéantir une démocratie. Le coup d’État à l’ancienne, si courant en Amérique latine au siècle dernier, lors duquel des militaires agressifs renversaient un président civil, fermaient le Congrès et censuraient la presse, a été remplacé par un régime hybride contemporain dans lequel un dirigeant autoritaire arrive au pouvoir par un vote démocratique, puis subvertit le système même qui l’a élu.

L’actuel président du Brésil, Jair Bolsonaro, est un représentant de cette nouvelle école. Cet ancien parachutiste de l’armée, partisan déclaré du coup d’État de 1964 et de la dictature militaire qui a duré jusqu’en 1985, a réussi à être élu président du Brésil en octobre 2018 lors d’un processus électoral atypique dans lequel le président en exercice, Michel Temer, et le chef de la principale opposition politique, Luiz Inácio Lula da Silva, étaient tous deux interdits de candidature. Bolsonaro a reçu près de 58 millions de voix cette année-là, ce qui correspond à environ 55 % de l’électorat. Aujourd’hui, après quatre ans au pouvoir, il tente de se faire réélire.

En l’état actuel des choses, les sondages indiquent que Bolsonaro a 15 points de pourcentage de retard sur Lula da Silva, qui a gouverné le Brésil pendant deux mandats consécutifs, de 2003 à 2011, et qui, bien qu’il ait été condamné à 12 ans de prison pour corruption en 2018, est désormais autorisé à se présenter à l’élection, dans un revirement inattendu. Cela fait suite à une décision par la Cour suprême du Brésil en 2021, qui a décrété que les procès de l’ancien président n’avaient pas été impartiaux et que la procédure officielle n’avait pas été respectée. Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a également estimé que les droits politiques de Lula da Silva avaient été violés lors de la procédure initiale.

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