Dans son article du Soir, le journaliste Pascal Lorent donne un aperçu clair du dernier rapport du Conseil supérieur de l’emploi : « La Belgique compte 196 000 postes vacants. Mais mettre 433 000 chômeurs à l’emploi ne suffira pas à atteindre l’objectif que le gouvernement s’est fixé d’ici à 2030. » Il ne suffirait même pas,comme le propose le Conseil1,de remettre « un peu » les malades au travail pour y arriver. En d’autres termes, la mise à l’emploi de tous les chômeurs et des malades de longue durée ne suffirait pas à atteindre l’objectif de 80 %, à moins de trouver,comme le précise Le Soir, 640 000 emplois supplémentaires dans la population dite inactive. Faudra-t-il alors diminuer l’âge de la scolarité obligatoire pour augmenter l’emploi des jeunes et obliger les retraités à retourner au travail ? Formulé en ces termes, l’objectif du gouvernement est donc inatteignable et ne sert qu’à mettre la pression sur l’emploi.
Le taux d’emploi mesure la proportion des personnes disposant d’un emploi parmi celles en âge de travailler. Il ne distingue pas les emplois à temps partiel des emplois à temps plein, ni les emplois précaires des emplois convenables. En conséquence, créer par exemple deux emplois à temps partiel peut coûter moins cher et augmenter plus le taux d’emploi que créer un emploi à temps plein. Sans partager pour autant le lyrisme de Georges-Louis Bouchez pour qui « le tauxd’emploi est une cause nationale », l’idée suivant laquelle l’augmentation du taux d’emploiserait nécessaire pour « sauver la sécurité nationale » fait consensus dans les cercles du pouvoir.
Pourtant, paradoxalement, les propositions d’augmentation du taux d’emploi vont souvent de pair avec des emplois à temps partiel et des exonérations de cotisations sociales, désignées comme des charges.
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