Tout récemment, j’ai présenté ma démission pour l’ensemble des cours en relation avec la Faculté des sciences de gestion de l’UCLouvain, la Louvain School of Management (LSM). Par cette lettre ouverte, je souhaite m’en expliquer et lancer un appel urgent à l’action.
Durant ces vingt dernières années, j’ai servi loyalement, avec motivation et confiance, mon alma mater, l’Université catholique de Louvain. Très tôt, j’ai fait partie des personnes inquiètes de la catastrophe écologique et humaine en gestation, avec la volonté de m’engager au service de la société.
Dans mon rôle d’étudiant, de chercheur et d’enseignant, j’ai cru jusqu’à aujourd’hui en la capacité de changement de la LSM face à la gigantesque accélération de l’évolution du monde. J’ai tenté, dans la mesure de mes modestes moyens, d’insuffler de l’intérieur une prise de conscience des mégaphénomènes scientifiquement avérés de l’Anthropocène, de la Grande Accélération et de l’Écocide. Par leur simple existence, ces mégaphénomènes imposent de facto de métamorphoser de toute urgence l’enseignement et la recherche, notamment dans les sciences de gestion.
Pourquoi ? Parce que ces mégaphénomènes constituent une menace existentielle pour l’humanité et une très large part du vivant. Parce qu’ils ébranlent les fondations épistémologiques de la connaissance, de la science et de l’université. Parce qu’ils démontrent que les sciences (économiques et) de gestion reposent sur des paradigmes épistémologiques obsolètes. Nous avons changé d’ère géologique et la condition humaine s’en trouve définitivement modifiée.
Notre métaphysique et notre éthique doivent être actualisées d’urgence dans une biosphère qui se rebelle. L’action collective des êtres humains dans les organisations fait face à une incertitude radicale et à la nécessité d’un engagement éthique de portée existentielle. J’ai – avec d’autres – la conviction que le maintien du paradigme dominant en sciences de gestion équivaut donc aujourd’hui à une forme criminelle de dogmatisme et d’obscurantisme, contraire à l’esprit des Lumières.
La suite ici : Voici pourquoi je démissionne de la Louvain School of Management