Hier, dans les commentaires une réflexion est revenue très souvent : avec la reine disparaît le 20e siècle, avec la reine disparaît un morceau d’histoire. Ces commentaires couronnent la réussite d’Elizabeth 2. Car être l’histoire, incarner le passé dans le présent est la tâche qu’il lui a été confiée. Et elle était loin d’être simple cette tâche.
La monarchie anglaise fait toujours figure de modèle tutélaire pour toutes les monarchies parlementaires. Ces régimes sont instables car ils craignent toujours d’être emportés par la dynamique de la démocratie qui fixe résolument la légitimité du pouvoir dans les mains du peuple.
La monarchie est une survivance archaïque dans la modernité. Et cette survivance est fragile. La modernité en politique c’est ce que les lumières ont insufflé, c’est l’idée que la politique devait être tout entière guidée par la raison. Par la raison et pas par autre chose et surtout pas la tradition. Un peuple se fixe ses propres lois. La révolution française et la république sont l’archétype de cette idée de triomphe de la raison. Les révolutionnaires criaient “L’histoire n’est pas notre code” pour dégager le pouvoir du roi et rendre le peuple souverain.
Dans une monarchie c’est l’inverse, l’histoire est le code et le peuple n’est pas souverain. Une monarchie parlementaire est mixte. : L’histoire est le code (symboliquement) mais le peuple est souverain. C’est donc une forme de régime paradoxal.
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