Sur la guerre en Ukraine, le fossé reste entier entre l’Occident et le reste du monde

Le décalage est évident lorsque les sondeurs posent la question de savoir si la Russie est justifiée dans son désir « d’exercer plus d’influence » sur son voisin ukrainien : 56% des Indiens disent oui, tout comme 54% des Nigérians. A l’opposé, 78% des Britanniques et 58% des Français et des Américains répondent non.

La première conclusion est évidemment que ces divisions affaiblissent la cause de l’Ukraine ; elles permettent à Vladimir Poutine d’affirmer, comme il s’en est vanté hier, qu’il est « impossible d’isoler la Russie ». Cela n’est pas faux lorsque la Russie a à ses côtés la Chine, et qu’elle bénéficie de la neutralité bienveillante d’une partie de ce « Sud global ».

Un pays comme l’Afrique du Sud est majoritairement compréhensif vis-à-vis de la Russie car lors de la lutte contre l’apartheid, c’était l’URSS qui aidait l’ANC de Nelson Mandela, pas l’Occident. Poutine en retire les bénéfices aujourd’hui.

Ce sondage est d’ailleurs plus un signe de défiance vis-à-vis d’un Occident trop longtemps hégémonique, qu’une adhésion aux thèses russes. Car à la question « faut-il que la Russie se retire du territoire ukrainien pour assurer la paix », une grande majorité dans le monde répond positivement.

Personne ne veut voir disparaître un État souverain, ou reconnaître le fruit d’une conquête militaire : ce serait un précédent dangereux.

L’Occident peut-il inverser cette perception ? Difficilement, car nous parlons d’une image qui s’est construite au fil des décennies, et qui ne se déconstruit pas par de simples proclamations. Lorsque les Occidentaux mettent en avant le droit international pour défendre l’Ukraine, un citoyen d’un pays du Sud peut légitimement penser à quelques situations où ce même droit est bafoué dans l’indifférence générale.

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