Conçu dans les années 1990, le marché de gros de l’électricité se base sur le mécanisme suivant : c’est le prix de revient de la dernière source de production mobilisée pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité, généralement les centrales au gaz, qui détermine le prix imposé à tous les opérateurs. En d’autres termes, pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité, on s’intéresse au coût nécessaire pour produire un mégawattheure (MWh) supplémentaire, afin de satisfaire une demande croissante. C’est ce qu’on appelle le coût marginal. Or, ce sont les centrales thermiques, au gaz, qu’il faut mobiliser lorsque la demande est forte. C’est pour cela que le prix de l’électricité est corrélé au prix du gaz.
Dans le contexte préalable aux pénuries de gaz russe, le prix de l’électricité issue du gaz était très faible. Par conséquent, le prix de l’électricité était lui-même plutôt faible. Les énergies renouvelables, elles, ont pu profiter de ce système pour se développer sans que leur coût, d’abord très élevé, ne freine leur montée en puissance.
Désormais, les énergies renouvelables produisent de l’électricité à bas coût, tandis que le gaz a vu son prix flamber, en raison de la baisse des livraisons russes. Le prix de l’électricité, largement indexé sur le gaz, a donc flambé : fin août, son prix pour une livraison début 2023 atteignait 950 euros le mégawattheure en Allemagne. En France, la barre de 1 000 euros a même été franchie, contre 85 euros en moyenne à la fin de l’été 2021.