Alexander De Croo a asséné un coup de massue en guise de gong de rentrée. Alors voilà, tout va mal. L’inflation explose, le pouvoir d’achat est en berne et les factures d’énergie superlatives menacent tant la classe moyenne que les entreprises. Un pouvoir d’achat requalifié de “pouvoir de vivre dignement” par Écolo, sortant ainsi de l’idée sournoise qu’il s’agirait de rogner sur des luxes. Là-dessus, le Premier ministre a annoncé que les hivers des cinq à dix années à venir seront très difficiles. Du sang, des larmes et plus rien pour se réchauffer? De Croo utilise en fait la méthode Coué inversée: on doit espérer le meilleur et se préparer au pire. Il faudra cinq ans pour se détacher du gaz russe. Or si on reste inactifs et si on ne se coordonne pas, ce sera dix ans pendant lesquels nous serons victimes de Poutine qui joue avec l’énergie comme d’une arme qui nourrit la spéculation.
La crise sanitaire, prolongée par la guerre en Ukraine sur fond de crise climatique ingérable a mis les compteurs à zéro. Pour faire face, la petite Belgique relance l’outil Codeco, qui rassemble les autorités de toutes les entités du pays, ce mercredi. C’est là que la crise Covid a pu être gérée. Mais on sent bien que l’enthousiasme n’y est pas. La patate chaude est renvoyée d’avance à l’Europe priée de s’entendre pour réguler tout ça. On doit comprendre que la Belgique n’est pas une île. Le gouvernement De Croo voudrait que l’Europe fixe des plafonds, inversant le rapport de force entre l’offre et la demande et réalisant des achats en commun.
Les écolos brandissent aussi l’idée de taxer les surprofits des entreprises énergétiques. Et ce n’est pas une idée en l’air. C’est une question de justice sociale qui pourrait convaincre le Premier ministre lui-même. Les chiffres donnent le tournis. Total, c’est 160 % d’augmentation des bénéfices entre 2021 et 2022 sur le deuxième quadrimestre. 210 % pour Shell, 300 % pour BP, 375 % pour Chevron, 380 % pour Exxon, 220 % pour Engie. Tinne Van der Straeten (ministre de l’Énergie) a déposé une proposition très proche du système mis en place en Italie (une taxe supplémentaire de 25 % sur les surprofits des principales entreprises du secteur énergétique entre octobre 2021 et mars 2022 par rapport à la même période en 2020).
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