Des empreintes de dinosaures vieilles de 113 millions d’années au Texas, une vingtaine de navires de guerre chargés d’explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale sur le Danube, une ancienne ville d’Irak immergée depuis quarante ans, les restes d’un pont de la Rome antique… La sécheresse aura fait ressurgir nombre de vestiges du passé lors de cet été particulièrement chaud – le plus sec depuis cinq-cents ans, selon l’Observatoire mondial sur la sécheresse.
Ces derniers mois, marqués par des épisodes caniculaires intenses et un déficit pluviométrique inédit, ont été extrêmement dévastateur pour les fleuves, rivières et lacs européens. Près de 47 % du sol d’Europe se retrouve ainsi en « situation de crise » après avoir atteint un niveau d’assèchement critique, révèle la Commission européenne dans son rapport « Sécheresse en Europe », publié le 22 août dernier. Et 17 % du reste des terres du continent montrent également des « signes de stress ». En Italie, le fleuve Pô est deux mètres plus bas que son niveau habituel. En Allemagne, les bateaux naviguentsur 1,5 mètre de profondeur, contre 3 à 6 mètres habituellement. En France également, de nombreux points d’eau ont souffert de la sécheresse, à commencer par la Loire, désormais traversable à pied, et le lac de Sainte-Croix– le deuxième plus grand de France – qui a reculé de 80 à 100 mètres.
« Par rapport à la sécheresse de 2020, les niveaux d’eau atteints et les problèmes liés à la sécheresse ont eu six semaines d’avance cette année, constate Katia Schmitzberger, cheffe du service Connaissance de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse. Des épisodes de sécheresse, on en a déjà vu dans les années 1950, en 1976, dans les années 1990, 2000, 2010. Mais depuis 2016 on cumule ces événements avec une gravité qui croît et la probabilité de ces épisodes va augmenter à l’avenir ».
Un constat qui s’appuie sur les avertissements du GIEC, qui rappelle dans ses derniers rapports que le changement climatique intensifie le cycle de l’eau, ce qui aboutit à des précipitations, des inondations et des sécheresses plus intenses. « Ce qu’on observe pour les rivières, c’est qu’on va avoir des répercussions dans les mois et années à venir et que les effets ne seront pas forcément observés tout de suite », ajoute Katia Schmitzberger. Nous avons choisi de nous pencher ici sur quatre impacts parmi les plus attendus pour les fleuves, rivières et lacs.
La suite ici : Comment la sécheresse va affecter durablement les fleuves d’Europe