Après un été passé à ruminer sur ma situation financière –faillite à tous les étages sans aucun espoir de renflouement–, j’ai décidé d’abandonner l’écriture pour devenir influenceur. J’ai hésité avec gigolo mais au regard de mon physique très atypique –court sur pattes avec calvitie galopante– j’ai jugé plus sage de ne pas m’engager sur cette voie-là.
Tandis qu’influenceur, a priori, j’ai toutes mes chances. Certes je pars avec de lourds handicaps. Ainsi, je sais lire et écrire, compétences dont semblent être privés nombre de mes futurs collègues, atouts qui leur permettent de s’exprimer dans une langue accessible à tous, notamment à cette frange de la population pourvue d’un cerveau si peu irrigué que rien n’a jamais poussé, hormis un vague champ de synapses dont l’examen neurologique laisse à découvrir l’image de ce que doit constituer si jamais il se laissait dévoiler le vide intersidéral.
Car la faculté première d’un influenceur –et peut-être la seule– est d’être aussi con que le public auquel il s’adresse. J’entends non pas la connerie ordinaire répandue à parts égales à travers le vaste monde mais la connerie royale, la connerie supérieure, la connerie premium, la connerie stratosphérique, dont le principal attribut est d’être si profondément enracinée dans les strates de la personnalité qu’elle y prospère comme un champ de tulipes sous une pluie de mousson.
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