Emmanuel Macron, un président sans ressort narratif

Soudain le narrateur est apparu sans ressort narratif, envahi par une sorte d’ennui de fin de série. Jusqu’au dernier moment, le showrunner de l’Élysée a hésité sur le choix des interprètes, de la principale jusqu’aux seconds rôles, avant de se résigner à reconduire le casting de la saison précédente. Quant à donner un sens à cette campagne des législatives, le président et son parti semblent y avoir renoncé, incapables de rivaliser avec le récit alternatif de la gauche rassemblée.

Dans son entretien à la presse régionale, le président s’est trouvé contraint d’évoquer le scénario d’une défaite de son parti aux scrutins des 12 et 19 juin, en se réservant le droit de choisir le nom de son Premier ministre; cela n’a eu d’autre effet que de renforcer cette hypothèse et de donner du crédit au scénario d’un retournement de la présidentielle par les législatives. Un scénario qui semble avoir la faveur des Français, puisqu’au soir de sa victoire à l’élection présidentielle, 63% des personnes interrogéessouhaitaient qu’Emmanuel Macron «ne dispose pas d’une majorité et soit contraint à une cohabitation».

Élire un président pour lui retirer aussitôt les moyens d’appliquer sa politique: voilà un choix paradoxal qui déjouerait la logique de la VeRépublique, une logique jamais démentie depuis 1962 et renforcée par l’inversion du calendrier électoral. République dysfonctionnelle dans laquelle l’élection du président au suffrage universel ne suffit plus à assurer sa légitimité.

Les raisons politiques ne manquent pas à ce discrédit, qui n’atteint pas seulement le personnel politique, mais les institutions, et ne s’exprime pas uniquement dans le résultat des élections, mais dans l’élection elle-même. La légitimité de cette dernière s’est affaiblie depuis le référendum de 2005, grevée par le choix contraint du deuxième tour face à l’extrême droite et l’abstention qui n’a depuis cessé de croître.

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