Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a affirmé lors d’une conférence de presse que “des rapports crédibles montrent que la Russie pille les céréales ukrainiennes et les exporte pour les vendre à son propre profit.”
Cette déclaration est loin d’être la seule incriminant Moscou. Le même jour de l’autre côté de l’Atlantique, le président du Conseil européen, Charles Michel, a accusé Moscou des mêmes faits lors d’une réunion. L’ambassadeur ukrainien en Turquie avait déjà dénoncé vendredi “la Russie (qui) vole sans vergogne les céréales d’Ukraine et les exporte depuis la Crimée à l’étranger”, notamment vers Ankara. La veille, son homologue au Liban estimait que 100.000 tonnes de blé ukrainien avaient été livrées à la Syrie depuis le début de la guerre le 24 février.
La question des céréales est un enjeu fondamental puisque la Russie et l’Ukraine assurent 30% des exportations mondiales de blé. Kiev était même en passe juste avant la guerre de devenir le troisième exportateur mondial de blé et assurait à, elle seule, la moitié du commerce mondial de graines et d’huile de tournesol. Or depuis le 24 février, les ports ukrainiens de la mer Noire sont bloqués par Moscou et 20 à 25 millions de tonnes de grains restent bloquées dans les silos ukrainiens.
Confronté à ces accusations de vols, le Kremlin nie. Pourtant, depuis plusieurs semaines, les preuves se multiplient. Selon une enquête du New York Times, à la mi-mai, le ministère des Affaires étrangères américain a alerté 14 pays du départ de cargos remplis de “céréales ukrainiennes volées”.
Les États-Unis appellent ces pays, non cités mais majoritairement africains, à ne pas acheter ces céréales. Toutefois, le prix du blé a bondi d’environ 150 dollars la tonne depuis le début de la guerre et la Russie et l’Ukraine fournissent en temps de paix 40% du blé du continent, selon l’ONU. Comme le pointe le quotidien, certains États -où la sécheresse fait craindre la famine- pourraient accepter d’acheter ces grains moins chers, car sans droits de douanes, peu importe leur provenance.
La suite ici : Que sait-on des accusations de vols de céréales de la Russie en Ukraine