Ah, les débats télévisés1 ! On a beau les critiquer, s’en moquer, ils recèlent quelque chose de fascinant, une forme d’addiction pour laquelle on se trouve les meilleures excuses : la volonté de s’informer, d’être au courant des programmes qui informent (ou manipulent) nos concitoyen·nes ou même, qui sait, l’espoir de découvrir un personnage, une pensée qui nous bouleverse en trente secondes. L’inévitable déception n’empêchera pas de revenir le lendemain, ou la semaine suivante, à cette sorte de croisement de téléréalité (qui survivra aux arguments de l’autre ?) et de The Voice2 (qui sera adoubé par les coaches que nous sommes tou·tes ?).
(…) Allez, commençons par « C’est pas tous les jours dimanche », qui a succédé à « Controverse » sur RTL-TVI. Certes, le concept a évolué, des chroniqueur·ses ont disparu, de nouvelles rubriques ont surgi, comme cette « compétition » où il s’agit de répondre au maximum de questions en soixante secondes, les meilleur·es tournant autour de 10, c’est dire la profondeur… Le reste du temps, en dehors de quelques « vedettes » (ministres, expert·es covid…), les invité·es disposent d’environ deux minutes pour développer une argumentation. Le record étant détenu, d’après mes calculs, par Laurence Rosier, linguiste invitée dans un débat sur la langue inclusive, et qui a eu droit à exactement 59 secondes de parole, en comptant les interruptions de l’animateur.
Cela tient, bien sûr, au nombre de sujets abordés et celui des invité·es pour chacun d’entre eux. Crainte de lasser les téléspectateur·ices ou volonté assumée de rester à la surface des choses ? L’introduction des principaux thèmes se fait par le biais de micros-trottoirs, où Christophe Deborsu, l’animateur-présentateur, se délecte des affirmations les plus trash, n’hésitant jamais à suggérer une réponse ou poussant jusqu’au bout la logique la plus absurde. Ce qui interpelle indéniablement dans l’émission reste cependant sa présentation, où l’animateur insiste sur l’annonce de « débats sous haute tension », où « la table en tremble déjà ». Comme si, notre société était trop apaisée et avait besoin d’être secouée et un peu plus clivée qu’elle ne l’est déjà.
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