Le premier scénario est celui de l’enlisement pendant au moins plusieurs mois, et peut-être plusieurs années. Déjà, au sud de l’Ukraine, l’armée russe consolide et fortifie ses positions. Une guerre de « positions », plutôt que de « mouvement » pourrait s’installer, dans laquelle l’artillerie serait plus utile que les chars, ponctuée d’offensives non décisives. L’argumentaire de Moscou est déjà prêt : comme le disait la directrice de RT, Margarita Simonyan, fin mai à la télévision, si les forces russes rencontrent des difficultés, c’est parce qu’elles retiennent leurs coups afin de ne pas détruire les territoires et les populations locale…
Mais ce n’est pas un mauvais scénario pour la Russie, qui maintiendrait son pays en état de guerre et attendrait que la fatigue gagne les Occidentaux. Et aurait déjà gagné en mettant pour longtemps sous sa coupe les régions occupées, avec tous les bénéfices économiques, mais aussi démographiques, qui en découlent. Déjà les habitants des districts de Chersonèse et de Zaporijjia (sud de l’Ukraine) se voient proposer, depuis fin mai, de disposer de passeports russes via une procédure accélérée, comme c’est déjà le cas pour ceux du Donbass depuis 2019… Ce scénario ne serait pas sans rappeler celui de la guerre du Haut-Karabagh entre 1994 et 2020.
Le retour au statu quo ante, le scénario Cachemire.
Ce retour à la case départ a été suggéré par Henry Kissinger à Davos fin mai comme optimum possible de la négociation. Autant dire que l’ancien Secrétaire d’État américain ne s’est pas fait que des amis en Ukraine. C’est en fait, comme l’a fait remarquer un ancien responsable américain, exactement ce qu’il avait proposé en… 1973 : le retour à la situation antérieure à condition que les parties acceptent les principes de la Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, consacrant le droit de chaque État à vivre dans des frontières sûres et reconnues et le caractère inadmissible de l’acquisition de territoires par la force.
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