Ce que révèle la sortie de Sergei Lavrov sur la Belgique et la langue française

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, vieux routier de la diplomatie soviétique puis russe -ou plutôt « poutinienne »-, a peut-être donné une clé de compréhension de la crise actuelle. Dans une interview à TF1 dimanche soir, il a posé une question qu’il pensait assurément pertinente : « Que ferait la France si la Belgique interdisait le Français ? »

Cette question m’a plongé dans un abime de perplexité… Ma première réaction a été de répondre « Ben… rien ! », là où il imaginait sans doute que nous ferions comme la Russie, c’est-à-dire : envahir notre intolérant voisin en l’accusant de « nazisme ». Mais cette question de M. Lavrov en dit long sur sa vision du monde.

D’abord sur son incompréhension de ce qu’est l’Union européenne.

C’est, selon la formule de l’ancien Président de la Commission Jacques Delors, « une machine à fabriquer des compromis ». C’est parfois laborieux, frustrant, on le sait bien, mais c’est justement destiné à éviter les rapports de force brutaux entre États, qui ont amené tant de désastres dans l’histoire européenne. On ne règle pas nos différends en envoyant des chars.

Vu de Moscou, cette recherche permanente de compromis est un signe de faiblesse. Le spectacle de ces sommets européens qui s’éternisent parce qu’un membre bloque une décision, fait horreur aux partisans de pouvoirs autoritaires. Avouons-le, il agace aussi les Européens, mais il permet de surmonter les contradictions entre des États aux histoires différente

Ce que révèle cette sortie de Lavrov, c’est que, vu de Moscou, le monde reste celui des rapports de force, que la Russie ne s’est pas débarrassée de son double héritage impérial et stalinien, et peine à accepter ses voisins comme des égaux. Elle peine, aussi, à considérer, comme nous le montre l’Ukraine actuelle, qu’on peut être russophone sans souhaiter retourner dans le giron de la Russie. Rappelons au passage que la langue russe n’est pas interdite en Ukraine.

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