A Huelva en Espagne, près de 100.000 personnes migrantes saisonnières se pressent chaque année pour cueillir les fruits rouges, dont des fraises, pour garnir les assiettes allemandes, françaises et belges. Sans elles, les ventes de cet « or rouge » voué à l’exportation ne seraient sans doute pas ce qu’elles sont. Et pourtant, ces femmes et ces hommes paient cher leur ticket d’entrée sur le vieux continent.
Venant pour la plupart d’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou d’Amérique latine, ces travailleurs et travailleuses peinent à voir leurs droits fondamentaux respectés. Dans un secteur en proie à des aléas climatiques sans cesse plus violents et aux exigences des marchés internationaux, ces personnes sont cantonnées au rôle de variable d’ajustement sans aucune considération pour leurs droits.
Contraintes pour certaines de vivre dans des abris de fortune et des camps éphémères, sans accès direct à l’eau potable et souvent aux soins, ces personnes dépendent du bon vouloir des entreprises qui les engagent. Parmi ces personnes, des centaines ont emprunté la route des Canaries, réouverte en 2020 et tristement connue comme la plus mortifère. D’autres, a priori plus chanceuses car venues en toute légalité, ne sont pourtant guère mieux loties.
A l’instar de ces femmes marocaines (12.000 arrivées depuis janvier 2022) qui, chaque année, font la récolte dans le cadre de contrats saisonniers négociés entre l’Espagne et le Maroc, avant de rentrer au pays. Embauchées selon des critères discriminatoires, comme celui d’être mère afin de ne pas être tentée de rester en Espagne, elles sont généralement issues de milieux ruraux défavorisés, parfois analphabètes ou ne parlant pas l’espagnol, langue dans laquelle sont rédigés ces contrats. Or, les conditions que l’on leur fait miroiter au Maroc n’ont ensuite souvent plus rien à voir avec celles que les employeurs espagnols leur font signer une fois sur place.
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