Au moment où ses détracteurs appellent à la « désobéissance », l’Europe démontre, de crise en crise, une réelle capacité d’adaptation. Lundi 23 mai, à Bruxelles, dans l’indifférence quasi générale, la Commission européenne a suspendu, pour la troisième fois, les règles du pacte de stabilité et de croissance. Il n’y aura pas de couperet limitant la dette et les déficits jusqu’à la fin de l’année 2023. Cette décision, qui paraissait inimaginable il y a encore quelques années, est bienvenue. Elle reflète le souci des décideurs européens de ne pas aggraver les conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine et d’y faire face de la façon la plus concertée possible.
La première fois que les règles du pacte ont été mises en veilleuse, c’était en mars 2020, lors du premier confinement, dans l’urgence suscitée par la pandémie de Covid-19. Le projet, depuis, est d’en bâtir de nouvelles qui n’obèrent pas trop le fort besoin d’investissement de l’Union européenne, alors même que l’endettement public dépasse les 100 % de la richesse nationale dans plusieurs pays, dont la France.
Le pragmatisme dont font preuve la Commission européenne et les Etats européens est à la hauteur des erreurs tragiques qui avaient été accumulées lors de la crise des dettes souveraines à partir de 2009. A l’époque, les pays de la zone euro avaient tardé à voler au secours de la Grèce en faillite, en raison du blocage des Allemands, qui ne voulaient pas cautionner son manque de discipline budgétaire.
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