Il est fort probable que Stuart Kirk, chef mondial de l’investissement responsable à la division de gestion d’actifs d’HSBC, première banque européenne, regrettera longtemps le petit exposé auquel il s’est livré le 20 mai dernier devant tous les pontes de la finance mondiale. Invité à prendre la parole par le Financial Times dans le cadre d’un forum économique organisé par le quotidien britannique, Stuart Kirk s’est lancé dans l’arène pour présenter un joli PowerPoint intitulé « Pourquoi les investisseurs ne devraient pas être préoccupés par le risque climatique. »
À ce stade de l’affaire, rien n’est encore dit. Certes, l’intitulé a de quoi dérouter, mais Stuart Kirk aurait pu s’arrêter là, avoir un petit sursaut de lucidité, se dire que son angle d’attaque n’était pas forcément le plus pertinent, reboutonner sa chemise, planquer son joli PowerPoint et aller gentiment se rasseoir. Mais non. Visiblement très en verve, il a rappelé à un auditoire mortifié que « le changement climatique n’était pas un risque dont nous devions nous inquiéter », qu’il s’agissait même « d’une hérésie ! ».
À peine deux minutes s’étaient écoulées depuis le début de sa présentation, et l’ambiance dans la salle était déjà aussi glaciale que dans une réunion de famille d’un film de Michael Haneke. Qu’importe, Stuart a continué. « Qu’est-ce que ça peut faire si Miami est six mètres sous l’eau dans cent ans ? Amsterdam est sous l’eau depuis des lustres, c’est un endroit très agréable. Nous nous adapterons ». Les habitants de Miami peuvent remercier Stuart. Mais ce qui nous intéresse le plus ici est probablement la conclusion de cette splendide démonstration de climatoscepticisme : «Tout au long de mes vingt ans de carrière, j’ai toujours entendu un cinglé me parler de la fin du monde.»
La suite ici : Selon le chef de l’investissement responsable de HSBC, le changement climatique est « une hérésie »