Le désenchantement wallon

L’intérêt de ce discours annuel sur l’état de la Wallonie se trouve rarement dans les discours des ministres présidents depuis Rudy Demotte en passant par Willy Borsus. Ils ont tous, et c’est bien logique, tenté de mettre en avant les évolutions positives que connaît la région. L’intérêt est de comparer le bilan mis en avant avec celui proposé par l’opposition, par les forces vives (patrons, syndicats, associations environnementales…) puis par les observateurs les plus avisés de la vie régionale.

A la fin, il y a forcément un tableau contrasté. Il y a en Wallonie des réussites majeures, des investissements dans le renouvelable, une forme de renouveau entrepreneurial que l’on observe à travers des pépites mondiales comme Odoo (les logiciels de gestion), ou comme John Cockerill dans les électrolyseurs si importants pour développer l’hydrogène vert. Bien évidemment il y a aussi des problèmes massifs, une dette à la limite de l’insoutenable, une pauvreté bien trop élevée, une espérance de vie wallonne en baisse.

Le bilan est contrasté depuis 20 ans au moins, et je ne vais pas m’employer ici à donner ma version du bilan. Ce qui me frappe c’est à quel point le récit de sortie du « déclin wallon » (pour reprendre l’expression célèbre de feu le professeur Michel Quévit), le récit du redressement régional ne fonctionne plus.

La phrase : “La Wallonie s’en sortira” prononcée par le ministre président Di Rupo, résonne dans le vide. Elle se fracasse sur un désenchantement régional. « La Wallonie s’en sortira », résonne avec le slogan de Guy Spitaels, prédécesseur D’Elio di Rupo au début des années 80, le fameux « Ce sera dur mais les Wallons s’en sortiront ».

Ces deux phrases prononcées à 41 ans d’intervalle s’inscrivent dans le récit long du régionalisme wallon. Celui d’une région qui pour sortir du déclin structurel amorcé dès les années 5O devrait devait s’autonomiser d’un Etat Belge unitaire dominé par les Flamands. D’André Renard à François Perrin, ce récit a largement dominé la vie politique wallonne et soutenu des exigences de fédéralisme. Au début des années 80, alors que la Wallonie recevait ses premières compétences, le messianisme de Guy Spitaels étant encore cru. Aujourd’hui celui d’Elio di Rupo ne l’est plus, ou plus beaucoup.

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