Commençons tout d’abord par rappeler que les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) représentaient en 2019 plus de 80 % de notre énergie primaire. Les chiffres varient entre 80 et 85 % selon comment la biomasse traditionnelle est comptée. Tout compris, c’est environ 15 milliards de tonnes de gaz, pétrole, et charbon qui sont utilisées chaque année. Et cette dépendance aux énergies fossiles n’a fait qu’augmenter depuis 1800, époque à laquelle près de 98 % de notre énergie provenait de la biomasse.
Le charbon représentait environ 47 % de l’énergie primaire mondiale en 1900, la biomasse comptant pour 50 %. Si le XIXème siècle est souvent vu comme le siècle du charbon, on voit qu’il était encore largement dominé par l’utilisation de biomasse – les énergies fossiles ont passé la barre des 50% seulement au début du XXème siècle. Cette part a ensuite augmenté sans discontinuer jusqu’au premier choc pétrolier pour dépasser les 80 % de l’énergie primaire. Deux chocs pétroliers plus tard, et une nécessité de plus en plus pressante de décarboner l’énergie pour limiter le changement climatique, n’auront fait baisser cette dépendance que de quelques pourcents entre 1973 et 2019. Mais surtout, la consommation d’énergie primaire ayant été multiplié par 2,4 sur cette période, nous utilisons en fait plus d’énergie fossile qu’en 1973.
Ces énergies fossiles sont, pour beaucoup de pays et notamment en Europe, importés. En France, quasiment 65 % de l’énergie finale provient du gaz (19 %) et du pétrole (45 %). En 2019, le pétrole venait principalement d’Arabie Saoudite (15%), du Kazakhstan (14%), la Russie, l’Algérie et le Nigéria représentaient chacun 12 % des importations. La Russie est évidemment au cœur de toutes les attentions en ce moment car l’Europe en est extrêmement dépendante d’un point de vue énergétique. Ainsi, en 2019, 97 % du pétrole, 90 % du gaz et 44 % du charbon utilisés en Europe étaient importés. La Russie se taillant la part du lion car elle fournissait cette même année : 27 % du pétrole, 41 % du gaz, et 46 % du charbon. Ces chiffres montrent pourquoi la guerre en Ukraine ravive les discussions autour de la dépendance européenne envers la Russie. La dépendance à la Russie n’est pas la même pour tous les pays. Si 94 % du gaz en Finlande provient de Russie, la part du gaz russe est de 50 % en Allemagne et de 24% en France.
La Russie est un mastodonte dans le domaine de l’énergie. C’est le 3ème producteur de pétrole (12 % de la production), le 2ème producteur de gaz (17 %) et le 6ème producteur de charbon. La Russie détient près de 24 % des réserves mondiales de gaz, et 16 % des réserves de charbon. Les capacités de production mondiales de gaz et de pétrole étant déjà en peine pour satisfaire à la demande, remplacer l’ensemble de la production Russe est compliqué sur le très court terme.
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