Tous ces cadres auraient pu encore aujourd’hui être sur le devant de la scène, ils ne le sont plus. Pour deux raisons principales. D’abord ils se sont tous frottés à l’inexorable déclin du parti sans parvenir à redonner un CD&V une raison d’être sur l’échiquier politique. L’autre plaie c’est une certaine culture du pouvoir qui tient plus du palais des Borgias que de la réunion paroissiale.
Tous les partis ont leur lot d’intrigues et de petits meurtres entre amis mais au CD&V, cela prend une dimension sacrificielle. Depuis le départ de Jean Luc Dehaene et la transformation du CVP en CD&V, aucun leader suffisamment fort n’est venu tempérer, canaliser, les inévitables conflits de lignes et de personnes qui surgissent inévitablement dans tous les partis. Il n’y a pas eu au CD&V depuis 20 ans d’équivalent d’un Elio di Rupo au PS, d’un Charles Michel au MR ou d’un Bart de Wever à la N-VA qui ont tous réussi à organiser les conflits au sein de leurs organisations.
Wouter Beke incarne plus que tout autre cette culture politique déficiente. Il est resté presque 10 ans comme président de parti, sans vision claire et sans jamais devenir l’homme fort. C’est lui qui est largement responsable de la longue crise des 541 jours en tenant dur comme fer la ligne d’un gouvernement avec la N-VA contre vents et marées. C’est lui qui pour monnayer l’abandon de l’alliance avec les nationalistes impose la sixième réforme de l’Etat de 2011.
Lorsque le gouvernement tripartite d’Elio di Rupo et le CD&V sortent renforcés des urnes en 2014 (ce qui, on s’en rend compte aujourd’hui, était inespéré), il prend la décision de tourner le dos avec fracas à la tripartite. Il forme un gouvernement de centre droit avec la N-VA, ce sera la Suédoise.
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