L’amer retour du clan Marcos aux Philippines

Trente-six ans après la chute de la dictature de Ferdinand Marcos aux Philippines, en 1986, l’élection triomphale de son fils à la présidence, lundi 9 mai, ne constitue pas seulement la revanche d’un clan. Elle en dit également beaucoup sur les difficultés des démocraties face au populisme, à l’heure de ce que la journaliste philippine et Prix Nobel de la paix, Maria Ressa, distinguée en 2021, appelle les « nouveaux écosystèmes de l’information », où coexistent, se concurrencent et s’entremêlent médias et réseaux sociaux.

Nommé gouverneur d’une province sous la présidence de son père, puis député et sénateur après le retour de la famille aux Philippines en 1991, Ferdinand Marcos Jr, dit « Bongbong » ou « BBM », n’est ni étranger à la dictature paternelle ni un nouveau venu en politique. Mais son élection a été portée par un révisionnisme pernicieux, véhiculé par YouTube, Facebook et TikTok, qui a transformé aux yeux de nombreux Philippins le règne impitoyable des Marcos en un âge d’or, en dépit de la quantité de travaux historiques et de dossiers juridiques révélant les crimes et les abus de la loi martiale, proclamée en 1972, ainsi que la quasi-banqueroute de l’économie philippine en 1984 et 1985.

Ce retournement spectaculaire se nourrit de plusieurs paradoxes. Alors que les Philippines souffrent de la mainmise des grandes familles sur les institutions politiques, l’accession à la présidence de « BBM » annonce une nouvelle OPA familiale – la quasi-intégralité des sièges à pourvoir dans leur fief du Nord, Ilocos Norte, leur est revenue. Certes, l’archipel reste une démocratie, mais ses failles, révélées par la gouvernance brutale et cavalière du président sortant, le populiste Rodrigo Duterte, offre au nouveau chef de l’Etat des marges de manœuvre suffisantes pour l’affaiblir davantage, notamment en mettant fin aux efforts de recouvrement des sommes colossales spoliées par sa famille.

La suite ici : L’amer retour du clan Marcos aux Philippines