L’émoticône à la une du magazine Newsweek est dépitée. Un œil pour Google, l’autre pour Facebook, le nez en pomme Apple et la bouche inversée d’Amazon qui tire la grimace. Le titre Power Down, qu’on peut traduire littéralement par “Baisse de régime”, joue sur le double sens du mot poweren anglais, qui signifie à la fois “pouvoir” et “alimentation” (le fameux bouton on-off de tous les joujoux de la tech). Le sous-titre, en forme de trilogie, “Nouvelles lois. Actions en chute libre. Indignation publique”, éclaire sur le constat dressé par le magazine : la Big Tech n’a jamais été aussi fragilisée par sa toute-puissance.
En février, Meta, le nouveau nom de Facebook, “a perdu 232 milliards de dollars en Bourse, la plus grosse perte jamais subie par une entreprise américaine en une seule journée”. Ces mauvais résultats sont le fait d’une désaffection du public. “Pour la première fois en dix-huit ans d’existence”, le nombre d’utilisateurs de Facebook est en baisse. Et le réseau social “autrefois omniprésent” voit les jeunes déserter Facebook au profit de TikTok.
La toute-puissance des géants de la tech se retourne contre eux. Les Gafam sont sous le feu des régulateurs et des législateurs partout dans le monde et “font l’objet d’un ressentiment croissant de la part du public”. Les atteintes à la vie privée pour augmenter les profits ne sont plus un secret. “Les gouvernements aux États-Unis et en Europe ont décidé qu’ils ne voulaient pas d’une poignée de mastodontes de la technologie qui n’ont de compte à rendre à personne d’autre qu’à leurs actionnaires et façonnent nos visions collectives du monde, tout cela dans le but d’amasser des richesses colossales.” Des deux côtés de l’Atlantique se met en place “la version moderne des grandes batailles antitrust du XXe siècle”.
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