Pour la seule semaine du 18 avril 2022, c’est plus de 200 personnes, très majoritairement des Palestiniens, qui ont été blessées sur et autour de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme. La police israélienne est de même intervenue à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa en usant massivement de gaz lacrymogène.
Ces violences s’inscrivent elles-mêmes dans un contexte de recrudescence d’assassinats de civils israéliens commis par de jeunes Palestiniens. Ces attaques menées au couteau, à la voiture-bélier ou à l’arme de poing sont plus l’expression d’actes désespérés que d’un réel plan d’ensemble organisé et commandité.
Pour autant, le chef de gouvernement israélien, Naftali Bennett, a donné carte blanche à l’armée pour arrêter et éliminer par tous les moyens les responsables de ces attentats. En dépit des mesures qu’il ordonne, le gouvernement israélien semble cependant vouloir éviter une répétition des événements de mai 2021, lorsqu’une répression massive à Jérusalem-Est et notamment sur l’esplanade des Mosquées avait déjà embrasé les différentes composantes de la population palestinienne en Cisjordanie ainsi qu’en Israël et entraîné une énième séquence de bombardements massifs, durant onze jours, contre la bande de Gaza.
Beaucoup de commentaires et de condamnations ont été émis à l’occasion de ces événements, déplorant l’« engrenage de la violence ». La formule est pourtant insatisfaisante puisqu’elle ne rend pas compte des causes de ce nouvel accès de violence. Celles-ci sont au moins au nombre de deux : d’une part, la poursuite méthodique et continue du processus de colonisation des terres palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est – il s’agit désormais de quelque 700 000 colons israéliens – et, d’autre part, la présence policière et militaire d’occupation permanente vécue comme une provocation quotidienne par la population palestinienne. Or, tant que ces deux paramètres ne seront pas contrecarrés, notamment par l’application du droit international, et donc des résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU), la situation ne pourra que continuer à se détériorer.
Risque d’autant plus préoccupant qu’aucune perspective politique concrète n’existe actuellement et qu’une sorte de vide politique prévaut, tant chez les Palestiniens qu’en Israël. En Palestine occupée, la déconnexion entre une Autorité palestinienne discréditée et une très large partie de la population ne fait que s’accroître. Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est considérablement accentué depuis que Mahmoud Abbas a décidé l’annulation des élections législatives, prévues en mai 2021, les premières en quinze ans, au prétexte que la bonne tenue du scrutin n’était pas garantie à Jérusalem-Est.
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