Il n’est de sanctions économiques efficaces que lorsque ceux qui les décident sont eux-mêmes prêts à en payer le prix. Le sixième train de mesures annoncé, mercredi 4 mai, par l’Union européenne (UE) en réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie montre que les Vingt-Sept ont fini par se rendre à cette évidence. En renonçant progressivement aux livraisons russes de pétrole d’ici à la fin de l’année, les Européens prendraient une décision probablement coûteuse pour leur économie, mais dont l’impact sur Moscou serait déterminant.
Embargos et sanctions économiques ont été utilisés par le passé avec des résultats mitigés. Mis à part l’exemple du régime sud-africain à l’époque de l’apartheid, qui a fini par tomber grâce à la pression internationale, ces politiques ont rarement produit les effets escomptés. L’expérience montre qu’elles relèvent davantage d’une absence d’option diplomatique que d’un réel espoir d’infléchir l’attitude de régimes comme Cuba, le Venezuela, l’Iran ou la Corée du Nord. Les sanctionner revient à adopter une solution de facilité, étant donné la faiblesse de leur capacité à peser sur les échanges internationaux et à adopter des représailles.
L’UE se trouve face à un cas de figure très différent avec la crise ukrainienne. La Russie est essentielle à son approvisionnement énergétique. Si les Etats-Unis peuvent assez confortablement décider d’un embargo contre Moscou, il n’en est pas de même pour les Européens, qui auront à assumer des conséquences beaucoup plus lourdes. Mais c’est à cette condition qu’une politique de sanctions a des chances de porter ses fruits.
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