Les infortunes de l’impôt sur la fortune

La première infortune est limpide : l’Etat est fainéant. C’est une règle universelle : l’Etat taxe d’abord ce qui est facile à taxer, et la fortune n’est pas facile à taxer. Ainsi lorsque la gauche, en particulier le PTB dit qu’on ne taxe pas la richesse parce qu’on protège les riches, la gauche sous-estime constamment cette réalité moins romantique, l’Etat est fainéant.

Ainsi dans l’histoire de la fiscalité les Romains taxaient la richesse sur base du nombre de portes et de colonnes des habitations. Les Français ont fait la même chose avec le nombre de fenêtres durant la révolution. Résultats, des fenêtres en trompe-l’œil, des fenêtres qui donnent sur des arrière-cours, et des habitations avec moins de fenêtres. La richesse a toujours été difficile à taxer, et c’est encore plus vrai aujourd’hui où le capital est plus mobile, et c’est encore plus vrai dans un petit pays. Au-delà des résistances idéologiques qui sont fortes, il y a d’abord une résistance pratique.

La deuxième infortune est dans le périmètre de la fortune. Qui est riche ? C’est pour cette raison que durant les élections le bureau du plan avait refusé de calculer cette proposition qui figurait dans le programme de trois partis, Ecolo, PS, PTB car puisqu’il n’existait pas de cadastre des fortunes, il était impossible de calculer le rendement d’un tel impôt. Habitation, capital des sociétés, seconde résidence transactions financières, plus-values, actifs financiers, il faudrait idéalement tout prendre en compte, avoir un cadastre des patrimoines, avant de se mettre d’accord.

Au sein de la famille socialiste, Vooruit préférerait taxer les surprofits des sociétés, le PS les actifs supérieurs à 1 million d’euros, Ecolo est dans une version similaire. Ce qui toucherait entre 5 et 10% de la population selon l’économiste Jean Hindriks. Le CD&V vise surtout les entreprises qui ne versent presque pas d’impôt. Enfin, les libéraux eux n’en veulent pas. Au nom de l’accord de gouvernement qui est très clair : Aucune taxe nouvelle ne sera introduite. Mais le passage suivant annule la phrase “sauf dans le cadre des discussions budgétaires”.

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