Cet homme d’affaires et philanthrope turc, âgé de 64 ans, vient d’être condamné à la prison à vie, sans possibilité de remise de peine. Une sentence très lourde, à l’image de l’acharnement judiciaire du Président turc Recep Tayyip Erdogan contre un homme qui incarne le concept même de société civile indépendante.
En pleine guerre d’Ukraine, alors que la Turquie est membre de l’Otan, le dirigeant turc n’hésite donc pas à défier ses partenaires occidentaux qui ont demandé la libération de M. Kavala.
Sept autres prévenus qui comparaissaient en même temps que lui ont été condamnés à dix-huit ans de prison chacun. Ils sont architecte, cinéaste, universitaire ou fondateur d’ONG. Eux aussi appartiennent à une société civile que le Président turc est en train d’écraser.
Ils sont accusés de rien de moins que d’avoir voulu « renverser le gouvernement turc ». En fait, il leur est reproché d’être les inspirateurs d’une révolte, au demeurant très spontanée, des jeunes d’Istanbul en 2013, autour du parc Gezi. Osman Kavala avait alors tenté une médiation entre les jeunes et les autorités, une action qui s’est transformée en acte d’accusation et lui vaut déjà d’être en prison depuis quatre ans et demi.
Le cas d’Osman Kavala est devenu le symbole d’un régime autocratique qui s’est émancipé de ses alliances et de ses engagements. La Turquie, puissance régionale majeure, a développé une diplomatie autonome qui la fait naviguer entre les conflits et les intérêts. Le revers de la médaille est qu’elle s’est aussi affranchie de toutes ses obligations, notamment en matière de droits de l’homme et de respect de l’état de droit.
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