Marine Le Pen à l’Élysée, l’hypothèse d’un accident électoral

Ils sont quelques-uns, politiques expérimentés ou politistes reconnus, à ne pas écarter l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen. Ainsi Rémi Lefebvre, peu réputé pour avancer des hypothèses de série B version politique, écrit-il: «Je pense que Marine Le Pen peut gagner l’élection présidentielle. L’hypothèse n’a jamais été aussi crédible. Les sondages sont très hauts pour elle, alors même que ce duel n’est pas encore intégré comme un scénario plausible (ça sera pire une fois cette possibilité accréditée). Une deuxième élection va commencer le soir du deuxième tour qui peut ouvrir tous les possibles et l’abîme. Macron aura très peu de réserves au second tour. La gauche va s’abstenir massivement ou jouer la politique du pire.»

Selon le professeur de sciences politiques, «le programme de droite de Macron néglige tout marqueur de gauche comme si les jeux étaient faits. Faute de vraie campagne et sûr de gagner, il a voulu prendre date: “Je vous avais prévenu”, la réforme des retraites, le RSA conditionné… le Front républicain est élimé. La haine de Macron est profonde, attisée, non sans raison par tous les candidats (Pécresse, Hidalgo, Zemmour…), encore exacerbée par l’hubris du président sortant qui exulte sur le terrain et jouit de son statut de favori. La perspective de le battre peut conduire des bataillons d’abstentionnistes, notamment dans les milieux populaires, à sortir de leur réserve et à aller voter. Zemmour a recentré Le Pen, beaucoup plus posée tout en élargissant le champ de l’extrême droite. Dans les enquêtes du Cevipof, elle n’effraie plus qu’un électeur sur deux. Il peut se passer encore beaucoup de choses mais rien n’est désormais exclu».

À l’Élysée, les conseillers les plus avisés rappellent qu’inverser une tendance en moins de deux semaines tient de l’impossible. Dans notre histoire électorale, il n’est d’exemple de renversement d’une telle ampleur dans les dix derniers jours. Cependant, parmi d’autres, deux facteurs jouent en faveur de la candidate RN: son humanisation et le maëlstrom de crises, car comme le souligne la Fondapol, il s’agit bien d’une présidentielle de crises.

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