Que signifie la victoire d’Orban pour l’Ukraine ?

Le 15 mars 2022, quatre dirigeants européens ont effectué un long et périlleux voyage en train de la Pologne à Kiev en signe de soutien, pendant que la ville subissait une nouvelle attaque russe. Les premiers ministres de Pologne, de Slovénie, de République tchèque et de Hongrie ont rencontré le président Zelensky mardi soir, alors qu’un couvre-feu commençait à Kiev. Par la suite, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a tweeté que l’Ukraine rappelait à l’Europe ce qu’était le courage : il était temps, écrivait-il, que l’Europe « léthargique et décatie » se réveille et « brise son mur d’indifférence en donnant de l’espoir à l’Ukraine »

Ceux qui se souviennent de l’information auront remarqué une transformation des faits dans mon bref résumé : Viktor Orban, premier ministre de Hongrie, n’était pas l’un des quatre ; la quatrième place était occupée par Jaroslaw Kaczynski, le chef du parti au pouvoir en Pologne et dirigeant de facto du pays.

Ce remplacement (Kaczynski se substituant à Orban absent) offre la clé de toute l’affaire. Ce n’était pas simplement s’asseoir sur deux chaises à la fois, c’était bien pire, une personne en remplaçant une autre sur la même chaise. Orban et Kaczynski incarnent à l’état chimiquement pur la position de base de certains membres principaux de ce que l’on appelle communément le « groupe de Visegrad » : les pays post-communistes d’Europe de l’Est qui sont membres de l’UE mais qui s’opposent à la position prédominante de l’UE en faveur d’une unité et d’une coopération européennes plus fortes, ainsi qu’aux valeurs culturelles du féminisme, du multiculturalisme, de l’antiracisme et de la neutralité religieuse.

La Pologne et la Hongrie étaient jusqu’à récemment sous forte pression de Bruxelles pour abandonner leur politique anti-avortement et contre les droits des personnes LGBT, ainsi que leur dérive vers l’autoritarisme (contrôle de l’État sur le pouvoir judiciaire, la culture et les médias publics). L’UE a même menacé ces Etats de retirer l’aide financière qu’ils reçoivent, s’ils ne se conformaient pas aux règles de l’Union.

La suite ici  : Que signifie la victoire d’Orban pour l’Ukraine ?, par Slavoj Žizek