De sa culture militaire à l’invasion de l’Ukraine, comment Vladimir Poutine « se légitime » à travers la guerre

Un « président en temps de guerre ». L’expression fait référence à l’homme fort du Kremlin. Pourtant, elle ne décrit pas Vladimir Poutine en février, lançant l’invasion de l’Ukraine. Cette expression, « beaucoup ont commencé » à l’utiliser cinq ans plus tôt, quand, dans un objectif électoral, « l’accent mis sur la militarisation et les préparatifs de guerre est devenu si courant », raconte la chercheuse Anna Borshchevskaya dans une récente étude*. Même en temps de paix, l’autoritaire dirigeant russe soignait son image de chef de guerre.

Vladimir Poutine, imprégné d’une histoire et d’une culture militaristes, a placé la force au cœur de sa présidence et de sa vision de la puissance russe. « Poutine n’est pas un tyran qui se réveille, mais un homme qui pratique la guerre », relève l’essayiste Olivier Mongin auprès de La Croix.

Comment l’homme qui a déclenché le conflit le plus important d’Europe depuis 1945 conçoit-il la guerre ? Dans son ouvrage Dans la tête de Poutine, Michel Eltchaninoff raconte les penseurs qui ont pu influencer la vision poutinienne de la puissance russe. Le philosophe cite Ivan Ilyine et sa pensée « consistant à justifier la violence au nom du bien », ou Nikolaï Danilevski, pour qui « la mobilisation populaire dans la guerre représente un ferment privilégié de renaissance culturelle et politique ».

La guerre, puis la culture militaire, sont aussi des marqueurs de la jeunesse soviétique de Poutine. Son père a été blessé lors de la Seconde Guerre mondiale, et le futur chef d’Etat a grandi « dans la ‘ville-héros’ dont la mémoire demeure intouchable », Leningrad, écrit Michel Eltchaninoff. « Vladimir Poutine est l’enfant de ce militarisme du quotidien », où « l’éducation était militariste » et « le service militaire, avec ses bizutages atroces et ses rites d’initiation virils, constituait un des moments les plus importants de la vie soviétique ».

La suite ici : De sa culture militaire à l’invasion de l’Ukraine, comment Vladimir Poutine « se légitime » à travers la guerre